LES PETITES FEES DE NEW YORK de Martin MILLAR
Ed
Intervalles
Pages :301
Trad (anglais) : Marianne Groves
Grand format
Genre : fantasy urbaine
L'histoire se passe à New York, dans la 4ème rue Est pour être précise. Un beau jour, deux fées écossaises Morag Mac Pherson et Heater Makintosh (avec toute la panoplie de la fée classique, la petite taille, invisibles à la plupart des humains, les ailes, le kilt, le violon pour faire folklore) font irruption dans l'appartement de Dinnie, et vomissent sur sa moquette avant de sombrer dans un comas éthylique (l'abus de whisky, bière et champignons hallucinogènes est à déconseiller). Tandis qu'Heater reste chez Dinnie, sale bonhomme asocial, aigri et pire joueur de violon qui puisse exister, Morag s'installe chez Kerry la gentille voisine de Dinnie atteinte de la maladie de Crohn et obsédée à l'idée de réaliser un alphabet de fleurs. D'autres fées venues d'Angleterre (pour échapper à la dictature du roi Tala qui a découvert la révolution industrielle avec ses usines et sa production de masse et a donc besoin de mains d'oeuvres sous payés et pas forcément volontaires pour travailler dans lesdites usines) et d'Irlande avec les deux écossaises ont échoués eux à Central Park.
«- Vous sortez d'où vous ? demanda l'écureuil.
Nous sommes des fées, répondit Brannoc et l'écureuil s'écroula de rire sur la pelouse parce que les écureuils de New York sont cyniques et ne croient pas aux fées »
(extrait)
Un livre préfacé par Neil Gaiman part déjà sur de bonnes bases pour me plaire. Et je ne fus pas déçue loin de là. Ce petit roman est typiquement le genre de livres que l'on aimerait pouvoir acheter en stock afin de l'offrir à tout son entourage. J'ai été sous le charme durant toute la lecture. Tiens si je l'avais eu avant le concept de la chaîne de lectures je l'aurai proposé sans le moindre doute (pour la prochaine peut-être ?). C'est donc un gros coup de coeur.
C'est étonnant comme en peu de pages, il peut se passer plein de choses dans ce roman. New York abrite ses propres
fées venues de pays divers avec les immigrants, une clocharde un peu dingue se prend pour un général athénien de l'antiquité en pleine guerre contre les perses, le fantôme d'un célèbre musicien
est à la recherche de sa guitare, Le songe d'une nuit d'été va bientôt être joué et la pièce est en répétiton toujours dans la même rue (forcément ça ne pouvait être que cette
pièce là). Bref, il ne se passe pas un chapitre voire un paragraphe sans qu'il ne surgisse un personnage, un événement qui vient compliquer et transformer en chaos une situation déjà
pas simple à la base.
Pourtant l'histoire est écrite sans description interminable, sans passage de transition entre les événements, sans analyse de caractère ou sociale s'étalant sur des
dizaines de pages, pas de fioriture et d'effet de style recherché et bizarrement alors que l'écriture semble succinte, le charme agit et les pages se tournent avec délectation jusqu'à
la dernière ligne.
Cela est dû au fait que les fées sont des personnages terriblement attachants, même les deux pestes que sont Morag et Heather deviennent sympathiques au fur et à mesure
qu'elles déclenchent sans le vouloir les catastrophes en croyant bien faire. Elles ne connaissaient que la campagne écossaise et ont bien du mal à comprendre les codes à suivre pour vivre
dans une grande ville comme New York (notamment on ne va pas dévaliser une banque pour fournir de l'argent à ses amis humains, les fées italiennes qui protègent ces banques ne seront pas
contentes du tout). De multiples histoires amenées par des personnages qui s'ajoutent à la galerie au fur et à mesure s'imbriquent les unes dans les autres pour un final de haute volée.
C'est drôle, enjoué, sans passage à vide, trépidant très à l'image des fées qui n'aiment rien tant que rire, chanter, boire, jouer de la musique (il est beaucoup question de
musique et de violon dans l'histoire) et s'envoyer en l'air sans complexe. Ce roman est un vrai petit bijou qui devrait même plaire aux allergiques au surnaturel. Sans compter que ses pages
semblent avoir le don de vous remonter le moral et de vous faire sourire béatement pendant toute la lecture et après. On aimerait tous avoir une petite fée chez soi, enfin à condition qu'elle ne
se saôule pas pour vomir sur notre moquette même si le vomi de fée sent la rose pour les humains (dixit Heather).
« C'est forcément le destin vu qu'une des raisons pour lesquelles Heather
et moi avons quitté Cruickshank au départ étaient que toutes les fées s'étaient liguées contre nous parce qu'on jouait des versions garage-punk de danses traditionnelles écossaises et qu'on
portait des kilts déchirés. Elles nous reprochaient aussi de nous teindre les cheveux » (extrait)