3 mai 2007
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LAMBEAUX de Charles JULIETEd P.O.L/157 PRécit en deux parties : l'auteur évoque d'abord sa mère biologique qu'il n'a jamais connue et sa vie jusqu'à ses débuts d'auteurs.Lu d’une traite (déjà un bon signe). Quel plaisir de lecture que ce livre. Il en devient trop court évidemment. L'écriture très simple sans emphase nous plonge émotionnellement dans le monde intérieur de l'auteur et celui de sa mère cela sans doute grâce au parti pris d'utiliser la deuxième personne du singulier. D'entrée, nous sommes partie prenante dans le récit. Sans sombrer dans le misérabilisme, Juliet parvient à transmettre toute la détresse de cette mère qui connaîtra une fin tragique et son sentiment de culpabilité par rapport à sa mort.JOURNAL I (1957-1964) de Charles JULIETEd Hachette/321pCelui qui ne s’est pas détaché de soi, n’a pas fait retour sur lui-même, n’a pas failli commettre n’importe quoi pour vaincre la conscience de son néant, celui-là qui n’a pas été un jour où l’autre brisé, détruit, annihilé, sera à jamais incapable d’admettre l’autre dans sa toujours confondante vérité, de lui offrir sa chaleureuse et tonique compréhension (30 décembre 1964)Ainsi s’achève la première partie de ce journal qui tient plus de recueil de réflexions sur l’écriture, la solitude, le désespoir avec toujours en toile de fond la tentation du suicide qui semble être une obsession chez Juliet à cette époque de sa vie. J’existe à mes côtés et regarde vivre ma doublure (23 janvier 1960) Si l’ensemble n’est guère joyeux, il est possible néanmoins de trouver une phrase, une idée, que l’on peut appliquer à soi-même mais aussi de découvrir les développements de l’auteur sur l’écriture et la façon dont il l’appréhende et c’est toujours intéressant.On n’écrit jamais un livre. Chaque jour, on peine sur quelques phrases, on noircit une ou deux pages et après des mois on s’aperçoit qu’un ouvrage s’est construit. De même on ne vit jamais la vie (20 juin 1961)L’œuvre est toujours inférieure au rêve dont elle est née. D’où ce ressentiment qui pousse le créateur à la détruire. Ou à ne cesser de la reprendre et de la modifier.Ecrire c’est affronter à chaque mot ses manques, ses limites et encaisser l’humiliation de ne pouvoir les dépasser (15 septembre 1959)