21 septembre 2012
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Comme je vous l'avais dis, Elisabeth Vonarburg : j'aime. Et j'aime surtout son chef d'oeuvre dont revoici la petite présentation que j'avais faite il y a bien longtemps.
CHRONIQUES DU PAYS DES MERESd’Elisabeth VONARBURGEd Alire/625p
4ème de Couverture : Au pays des Mères, quelque part sur une Terre dévastée du futur en train de se remettre lentement, les hommes sont très rares. Seules les Captes des Familles-les Mères- font leurs enfantes avec les Mâles. Les autres femmes doivent utiliser une forme hasardeuse d’insémination artificielle. Lisbeï et Tula ne s’en soucient pas trop : filles de la Mère de Bethely, elles grandissent ensembles, sœurs et amies. Mais Lisbeï se révèle stérile et ne pouvant être la Mère comme elle en avait rêvé elle doit quitter Bethely et Tula. Devenue « exploratrice » elle accomplira un autre de ses rêves : découvrir les secrets du lointain passé du Pays des Mères. Mais certains rêves sont difficiles à vivre… »Ce roman je l’ai découvert il y a une dizaine d’années par pur hasard dans une bouquinerie alors que je cherchais ma ration sf. Il était publié alors au Livre de Poche, l’illustration avait l’air sympa, le titre me plaisait alors je l’ai acheté. Et j’ai eu le coup de foudre à la lecture. Ce n’est pas pour rien qu’il figure dans mon coffre aux trésors, car ce roman est un grand roman, merveilleusement bien écrit, intelligent, et avec des personnages inoubliables avec qui on peut aimer, rire, pleurer, vieillir, découvrir, et je m’arrête là.Avec Elisabeth Vonarburg, tout est dans la subtilité du propos. Par exemple, l’inégalité des sexes est une réalité dans le Pays des Mères mais ce sont les hommes qui ne sont pas du « bon côté de la barrière » tout jusqu’au langage est féminin et dans la structure politique du pays, ils ne sont pas représentés. Inversion des rôles donc mais une inversion qui n’est pas caricaturale ou grotesque, c’est beaucoup plus subtil que ça en a l’air. La lutte pour les droits des hommes rappelle une autre lutte et ils obtiendront en partie gain de cause dans le roman non par la violence mais par la voie démocratique, le reste c’est affaire de changement de mentalité. Comment faire prendre conscience que nous vivons dans un monde entièrement pensé au masculin jusqu’au langage ? En faisant l’inverse dans son récit, en mettant le monde et le langage au féminin. Pas de démonstration virulente, juste un petit détail qui fait réfléchir.Mais les chroniques ne sont pas seulement la lutte pour l’égalité des sexes, c’est aussi un voyage dans le passé, une réflexion sur la mémoire et ce qui peut rester des anciennes civilisations qui nous ont précédés et l’interprétation que l’on peut faire (parfois erronée) sur les traces qu’elles ont laissées.Et puis il y a Lisbeï, l’inoubliable Lisbeï, un des personnages qui m’aura le plus marqué dans ma vie de lectrice. Tout au long du récit, elle évolue, change, se montre parfois bornée et parfois en marge dans la société où elle vit. C’est l’histoire d’une vie avec ses ratés, ses réussites, ses chemins qui ne seront jamais pris parce que…parce que voilà…il y a des évènements dans l’existence qui font que l’on dévie de ce que l’on désirait faire ou avoir. Il est aussi normal aussi que certaines questions restent sans réponse comme dans la vie.« Est-ce triste ou simplement curieux, ou doit-on s’émerveiller quand on regarde en arrière toutes ces histoires qui sont presque arrivées mais pas tout à fait, qui ont commencé à s’esquisser dans la Tapisserie mais dont les fils détournés sont allés tracer d’autres dessins ? Tous ces autres côtés imaginés, mais jamais mis au monde ? » (extrait)Je relis ce roman régulièrement. Il est toujours aussi fort, ces personnages sont toujours aussi humains et vrais. Je suis toujours en immersion complète dans le monde du Pays des Mères même si je connais tous les évènements à venir, je suis autant captivée par le récit que la première fois. Même allergiques à la sf vous devriez essayer d’entrer dans ces chroniques du Pays des Mères.