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L’ABBAYE DE NORTHANGER de Jane AUSTENEd Gallimard/296pTrad : Pierre Arnaud
Catherine Morland a beaucoup étudié pour devenir une héroïne de roman digne de ce nom à force de lecture de romans où d’innocentes mais néanmoins très braves jeunes filles arpentaient les couloirs de sombres châteaux et cryptes parsemés de dangers mortels. Et l’occasion se présente de faire ses preuves. Les Allen, amis de sa famille, se proposent de l’amener en séjour avec eux à Bath. Elle y fait du reste la connaissance d’un jeune homme dont la famille vit dans l’abbaye de Northanger.Une vraie parodie de romans gothiques où cette pauvre Catherine se ridiculise comme elle peut. D’autant que l’auteur ne cache même pas qu’il s’agit là d’une fiction et d’une fiction qui règle son compte à bien des clichés littéraires de son époque. Catherine, n’a peut-être pas la finesse et l’intelligence d’Elisabeth mais elle a quand même son caractère et une imagination débordante qui lui joue bien des tours. Comme de bien entendu, on retrouve une histoire d’amour contrarié pour raisons financières, un beau portrait de la vie dans une station balnéaire, et des bals, des promenades en cabriolet, des lettres des uns et des autres, et on y est bien et encore mieux on s’y amuse. C’est un récit pétillant plein de bonne humeur et très malin. Jane Austen y défend l’art de la fiction romanesque et tourne en ridicule cette manie qu’ont les auteurs de ne pas prendre le roman en tant que genre au sérieux et de le dénigrer constamment tout en continuant d’en écrire.Oui des romans ; car je refuse de suivre cette coutume mesquine et maladroite si répandue parmi les romanciers, qui consiste à dénigrer par une censure méprisante les œuvres dont ils contribuent eux-mêmes à accroître le nombre. Ceux-là vont jusqu’à rejoindre le clan de leurs pires ennemis pour proférer à l’égard de tels écrits les condamnations les plus sévères et à n’autoriser jamais leur héroïne à les lire. S’il lui arrive par mégarde d’ouvrir un roman, celle-ci ne manque jamais de le feuilleter avec dégoût. Hélas ! Si l’héroïne d’un roman ne peut pas être défendue par l’héroïne d’un autre de qui peut-elle espérer protection et respect ? (extrait)